Aménagements jardiniers

, par Matthieu Marcillaud

Nous avons en location depuis quelques temps une petite maison de ville disposant d’un terrain suffisant pour y jardiner. Il était d’ailleurs déjà cultivé avant notre arrivée. Dès lors, comment aménager l’espace pour créer un lieu nourricier nécessitant peu d’entretien et de travail tout en étant productif ?

Je dis productif car si l’on regarde la productivité au sens calorifique des aliments issus d’une agriculture mondiale et/ou industrielle, le ratio est aberrant : un estimation faite [1] est de l’ordre de 1 calorie produite / 10 calories consommées pour la produire (de la fabrication du tracteur jusqu’à la cuisson dans sa cuisine). Autrement dit, nous brulons (puisque c’est une énergie essentiellement issue du pétrole, du gaz ou de l’uranium) 10 fois plus d’énergie (en moyenne) que nous en absorbons dans notre alimentation simplement pour nous nourrir !

Au bout du compte, le bilan énergétique est négatif. Peut-on, en cultivant un simple jardin réussir à faire mieux tout en économisant les ressources (pétrole, eau notamment), en évitant de polluer ou perdre le sol [2] ? Vaste sujet.

Cela dit, certains outils, ou démarches d’organisation de l’espace peuvent nous y aider. On pourra retenir

Le jardin

Nous avons donc actuellement un jardin clôturé, bordé d’immeubles sur 2 voire 3 cotés, avec une haie de pyracantha sur 2 cotés, mélangé à un peu de chèvrefeuilles. Sur un autre coté, le grillage voit grimper du lierre et du chèvrefeuilles. Le terrain en longueur ( 35m / 20m) est divisé en 2 par une allée dallée. Sur sa gauche en regardant le Nord se trouve déjà un verger et au pied de chaque arbre des cercles de fleurs tel que des tulipes. Sur le coté droit, un potager accueillait à notre arrivée et de bas en haut : des courges, des choux de tous types, des asperges, des artichauts.

Nous avons remis dessus au milieu de l’hiver des oignons, ails et échalotes, puis il y a un mois des radis, fèves et salades. Les asperges poussent à foison, les artichauts s’étalent, ce qu’on a planté vit sa vie de légume. Sur le reste du potager d’autres plantes grandissent sans qu’on puisse toujours les reconnaitre, là où il y avait les courges avant.

L’eau

Cela fait 1 mois qu’il n’y a pas eu une goutte d’eau de pluie. N’ayant pas encore installé de système pour récupérer l’eau de pluie (qui plus est !) nous nous contentons pour l’instant d’arroser le jardin avec l’eau de l’adduction (ouille !). Économe de nature (je n’ai pas spécialement envie de passer mon temps à arroser) j’ai récupéré des tuyaux de goutte à goutte qu’utilisait un maraicher professionnel. Une fois rafistolés des éraflures qui créaient des jets d’eau, le tuyau reprend son usage normal. La découverte fut que ce genre de tuyau une fois rempli d’eau n’accepte pas vraiment les virages. Il faut donc plutôt avoir plusieurs lignes droites (et branchements) qu’un virage qui risque de couder. Bref, avec peu d’achats on a un premier système d’arrosage opérationnel sur les quelques plantations.

  • Tuyau d’arrosage 30m (standard) : (fourniture d’occasion parentale offerte !)
  • Tés triples ( 6) et raccords de type « gardena » ( 12) : (fourniture d’occasion parentale offerte !)
  • Tuyau goutte à goutte 20m : (fourniture d’occasion offerte)
  • Minuteur hydraulique (20€) (fonctionne à peu près bien, mais pas toujours !)
  • Connecteurs mâle/mâle type « gardena » ( 3) + téflon 0,1mm + 2 scotchs d’électricien : 10€

C’est que pour connecter un tuyau goutte à goutte à un raccord type « gardena » mâle, une des solutions minimisant les fuites semble d’enrouler le raccord avec du téflon, d’entrer tant bien que mal le tuyau à force dedans, de remettre par dessus une bande de téflon, puis d’enrouler le tout avec du scotch d’électricien ou avec un collier serre flex. Les raccords femelle sont également recouverts de scotch sinon ils deviennent cassants, exposés au soleil tout un été.

Raccord tuyau goutte à goutte
Le tuyau du goutte à goutte avec serre flex
Raccord tuyau goutte à goutte
Le tuyau du goutte à goutte avec scotch noir

Voilà donc l’état actuel.

État actuel (avril 2011)
État actuel (avril 2011)
C’est sur cet espace qu’il va y avoir les 2 premières buttes !
Schéma (batiments et arbres)
Les bâtiments bleus ne font pas partie de notre location. On voit nettement l’implantation du verger sur la partie gauche (ou haute vue de coté) alors que la partie droite (ou basse) est un potager (non indiqué).

Imaginer l’avenir

Imaginer des zones, des lieux dans le jardins bien conçu, du moins réfléchis prend du temps. Il faut donc y aller à petite dose et oser expérimenter. Accepter de se tromper si ça arrive. Oser y croire aussi.

Donc, avant de se lancer dans un jardin forêt, une mare, une ruche, une citerne, nous partons sur ce qui semble le plus simple dans un premier temps : tester 2 buttes d’1m70 de large sur 8m de long. Il y a déjà de quoi faire entre la construction et sa mise en culture.

Construire une butte ne consiste pas contrairement à ce qu’on pourrait croire à ajouter de la terre, mais à en creuser ! On creuse des allées de 60cm de large entre les buttes sur 40cm de profondeur, et c’est la terre ainsi enlevée qui est remise sur la butte. Cela pose 2 problèmes :

  • la butte peut s’affaisser : il faut donc border la butte de planches,
  • la terre mise sur le dessus, issue de zones profondes, et de toutes façons brassée, créée un déséquilibre car elle présente peu de vie et perturbe le sol. Normalement, en couvrant la butte de petits branchages verts coupés et de paille, la butte devrait retrouver assez rapidement un sol riche. C’est de toutes façons le seul moment où la terre est brassée, et ce pour plusieurs années.

Nous avons trouvé chez un « piquetier » (?), disons chez un fabricant de piquets, de quoi retenir la terre : des piquets de châtaigniers fendus en 2, de 2m de hauteur, de diamètre entre 10 et 15cm, et non épointés (ce ne seront donc plus des piquets !). Un rapide calcul et nous en avons commandé 100, accompagnés de quelques « marquants » (des petits piquets) ( 160€ non livrés). Cela devrait nous suffire pour créer 2 buttes et 3 allées. Ces pseudos planches devraient pouvoir tenir 10 ans... dans la théorie.

Schéma de localisation des 2 premières buttes
Il faut bien se lancer dans quelque chose ! Voici donc où nous comptons pour l’instant placer les 2 premières buttes de maraichage.
Vue en relief des buttes
En jaune se trouvent les parties qui seront cultivées, 3 allées creusées délimitent 2 buttes.

Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui.
La suite, peut être, au fil des jours.

Notes

[1visiblement dans « Meeting the Expectations of the Land » de Wes Jackson, Wendell Berry & Bruce Coleman de 1983 (je n’ai pas été vérifier)

[2regardez toutes ces terres à nu durant l’hiver qui laissent apparaître les pierres au printemps vu que les pluies ont lessivées le sol, formant des rivières marrons et des estuaires envasés

[3Un ouvrage d’une grande qualité de Patrick Whitefield sur les jardins-forêts (ou jardins-boisés) vient d’être traduit en français par l’association Imagine un Colibri, titré « Créer un jardin-forêt » « Une forêt comestible de fruits, légumes, aromatiques et champignons au jardin »

[4Un ouvrage semble excellent pour l’avoir feuilleté : « Le jardin naturel » de J.M. Lespinasse. On peut voir un exemple de mise en pratique au Bief