Balade hivernale au Colibri Le maraîchage sous un autre angle

, par Matthieu Marcillaud

Le 7 février dernier, en visite à la ferme Colibri de Richard Wallner, je pris quelques photos de la zone de maraîchage. Le soleil levant éclairait les buttes permettant de bien distinguer le relief de cette culture particulière, nommée « Culture en synergies naturelles » par Emilia Hazelip. Une méthode de culture qu’elle a introduit et adapté en Europe avec Marc Bonfils, après avoir étudié les principes de l’Agriculture naturelle développés par Masanobu Fukuoka au Japon.

Les buttes font environ 1,20 m de largeur et sont réalisées une seule fois (elles ne sont pas reconstruites chaque année). Le principe est de permettre de planter ou semer des légumes ou graines sans tasser la terre, donc en ne marchant pas dessus, tout en se faisant moins mal au dos. Mais surtout, ce dénivelé crée un microclimat avec un versant plus ensoleillé que l’autre, une crête plus sèche et le bas de la butte souvent plus humide.

La paille disposée sur la surface apporte un compostage naturel et une protection contre les intempéries et les vents qui assècheraient trop la terre. « On ne devrait jamais laisser un sol nu ou labourré » peut on comprendre en regard des travaux alarmants de Claude Bourguignon sur l’érosion de l’humus.

Une nouvelle butte sous la serre

Comme il y a toujours de nouvelles réalisations à chaque visite, de nouveaux coups de cœur, voici ce que l’on pouvait observer ce jour là à l’intérieur de la serre. Un fossé qui sert de chemin d’accès à été creusé, du trèfle (légumineuse et par conséquent engrais vert) a été semé dedans. La terre extraite a servi à construire une demi butte intérieure, orientée au sud que l’on voir à gauche sur la photo. Cette butte est paillée et comporte un système d’arrosage au goutte à goutte.

De l’autre côté du chemin, un certain nombre de plantes sont présentes, et parmi elle, ces salades (les plus foncées) sont des ressemis naturels, qui ont germé entre la paille. On peut d’ailleurs observer l’absence de ce que nombre de personnes qualifient de « mauvaise herbe ». Ceci est possible car le sol n’est pas labouré et les graines profondes ne sont donc pas remis en surface et ne germent pas.

Le soleil encore bas faisait luire aussi cette autre plante, un chou fleur aux belles allures et aux couleurs rayonnantes


Avant de terminer cette petite visite, pour ceux qui croient encore à la gentilesse et à l’amabilité des poules, regardez ces deux « Nègres soies » s’occuper sans pitié d’une souris voulant chiper quelques unes de leur céréales !

Voilà bien un spectacle qui ne perturbe pas Richard, pleinement sollicité par ses démêlés avec M. le maire de Marsac (qui a entre temps été réélu avec un brillant score), qui refuse obstinément de conserver les terres du Colibri en zone agricole, malgré les avis de diverses associations, de 1200 signataires d’une pétition de soutien et surtout de la Commissaire enquêtrice qui a déclarée qu’elle acceptait le PLU (Plan Local d’Urbanisme) à la condition de laisser les terres du Colibri en Zone Agricole... Cela ne suffit pas, quel comble !

En attendant que les temps s’améliorent, Richard continue ses explorations. Le voici qui présente un nouvel outil manuel, très simple. Il permet d’aplatir, ou de coucher les herbes sèches. La limite est nette sur cette photo entre l’espace dégarni et l’espace encore debout.