Réflexions sur l'espéranto - commentairesRéflexions sur l'espéranto2012-08-30T09:53:30Zhttps://marcimat.magraine.net/Reflexions-sur-l-esperanto#comment4392012-08-30T09:53:30Z<p>Bonjour Mathieu et John,</p>
<p>Je crois que n'importe quelle matière enseignée par l'usage de la règle Robert ne pourra être facilement aimée par les élèves à qui s'adresse l'instruction. Je comprends parfaitement que dans ce contexte, l'espéranto enseigné comme une possibilité d'infliger des châtiments corporels vous fait dire que l'apprentissage de l'espéranto est tout aussi repoussant que celui d'une autre discipline. <strong>Convenez néanmoins, que ce n'est pas l'espéranto (ou n'importe quelle autre discipline) en tant que tel qui est à incriminer</strong> mais plutôt l'enseignant et sa méthode.</p>
<p>"Et finalement c'était pareil : des cours, des interrogations, des exercices, des examens et des bonnes ou moins bonnes notes."</p>
<p>Bien entendu, cela correspond à un mode d'enseignement, l'espéranto n'a rien à voir avec cela. N'importe quelle discipline peut être enseignée de différentes manières, il peut y avoir des manières très rébarbatives comme des manières passionnantes pour les enfants.</p>
<p>Comme le montre l'expérience pilote d'enseignement de l'espéranto en Angleterre (<a href="http://www.springboard2languages.org/home.htm" class="spip_out" rel='nofollow external'>Springboard to languages</a>), actuellement en cours, l'espéranto est plutôt un trésor pédagogique :</p>
<p><a href="http://www.e-d-e.org/IMG/pdf/EDE_vocxo_fr_mars_2008-7.pdf" class="spip_out" rel='nofollow external'>http://www.e-d-e.org/IMG/pdf/EDE_vocxo_fr_mars_2008-7.pdf</a><br class="autobr">
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=8gSAkUOElsg" class="spip_out" rel='nofollow external'>http://www.youtube.com/watch?v=8gSAkUOElsg</a></p>
<p><strong>L'enseignement de l'espéranto et son assimilation constituent une excellente préparation à un meilleur apprentissage ultérieur d'autres langues en permettant aux enfants d'apprendre comment acquérir une langue étrangère (apprendre à apprendre) </strong> plutôt que de se concentrer sur un idiome en particulier. De la même façon que l'on essaie d'initier un enfant à différents instruments de musique avant qu'il ne porte son choix sur l'un d'entre eux, il est envisageable d'initier les enfants à différentes langues au travers de l'espéranto et de les éduquer à la diversité linguistique. Si l'espéranto joue un rôle de langue pont, il ne sera plus tacitement obligatoire d'apprendre les langues de grande diffusion, en particulier l'anglais. Cela permettrait de réintroduire l'enseignement de langues de moindre diffusion dans l'offre pédagogique : <strong>l'espéranto devient alors l'allié d'un multilinguisme renouvelé favorable à la diversité linguistique</strong>.</p>
<p>"Et puis en 3e j'ai été au Canada et là j'ai découvert un peuple, avec une langue, une vie et j'ai aimé l'anglais."</p>
<p>L'anglais est une superbe langue, que j'engage toute personne qui l'apprécie et qui porte un intérêt sincère aux peuples anglo-saxons à l'apprendre et vous avez bien raison. Mais je crois qu'il ne faut pas confondre deux choses :
<br><span class="spip-puce ltr"><b>–</b></span> <strong>l'anglais à vocation nationale</strong>, reliée à des peuples comme vous dites, c'est l'anglais que vous appréciez et c'est tant mieux
<br><span class="spip-puce ltr"><b>–</b></span> <strong>l'anglais à vocation internationale</strong>, utilisé comme lingua franca</p>
<p><strong>l'anglais porté au statut de langue impérialiste ne permet pas de répondre aux besoins auxquels devrait satisfaire une langue internationale</strong> : la diffusion de l'anglais (d'ailleurs souvent très appauvri, parfois rebaptisé globish) est un facteur de fracture dans l'accès à la communication internationale et de désappropriation par les instances internationales des débats qui concernent les populations mondiales. L'anglais est une arme pour la conquête du pouvoir et véhicule un mode de pensée unique : il est en effet bien pratique pour un Américain qui veut conquérir de nouveaux marchés que la grande majorité partage la même culture que lui et que les élites aient fait l'effort d'apprendre sa langue. Il existe même dans certains domaines, notamment dans les sciences, une forme de mise en place des monopoles du savoir. Charles Durand (2003) estime ainsi que l'omniprésence de l'anglais « aboutit à une véritable stérilisation du processus créatif, à un réalignement automatique sur les thèmes de recherche anglo-américains […] démultipliant ainsi la visibilité du monde anglo-saxon dans ces secteurs au détriment de celle des autres ». À cela s'ajoute que l'anglais, mais aussi d'autres langues hégémoniques dont fait partie le français, participent à une perte de la diversité linguistique. Il est d'ailleurs intéressant de constater que les régions du monde abritant le plus de langues distinctes correspondent également à celles où l'on trouve le plus de diversité biologique. Avec une grammaire et un vocabulaire spécifique, chaque langue est en relation étroite avec l'expérience humaine. Perdre une langue, c'est perdre un savoir-faire unique exprimé dans une langue irremplaçable. Quand on perd une langue, on perd un peuple.</p>
<p><strong>Une langue internationale doit à mon sens être logique (pour être apprise facilement par le plus grand nombre), équitable et pouvoir être considérée comme un bien commun.</strong></p>
<p>Comme l'écrit Mathieu "En clair, ça dit que l'anglais est mal adapté comme langue de travail internationale."</p>
<p>"Et puis en 3e j'ai été au Canada et là j'ai découvert un peuple, avec une langue, une vie et j'ai aimé l'anglais. Depuis c'est devenu pour moi une langue facile, agréable et utile car conviviale "</p>
<p>Je peux dire exactement la même chose pour l'espéranto : et puis là, je suis allé (à une rencontre espérantophone) en Hongrie et j'ai rencontré des peuples, avec des langues nationales et régionales, avec lesquels j'ai pu conversé sur un pied d'égalité grâce à l'espéranto, et j'ai aimé l'espéranto, mais aussi les autres langues et l'espéranto est devenu pour moi agréable et utile car convivial. Et quelque part, cela offre même davantage d'ouvertures qu'avec l'anglais...<br class="autobr">
Un exemple de la découverte d'une culture par l'espéranto :<br class="autobr">
<a href="http://www.youtube.com/watch?v=fZcwpCgzMUk" class="spip_out" rel='nofollow external'>http://www.youtube.com/watch?v=fZcwpCgzMUk</a></p>
<p>"C'est pour ça que, pour moi, l'espéranto est une langue mort-née."<br class="autobr">
Je pense que vous devriez vous renseigner (avec internet, c'est très facile de nos jours) avant de dire cette énormité. Cela dit, ce n'est pas de votre faute que vous ayez ces préjugés à l'emporte pièce, les médias parlent tellement peu de l'espéranto. <strong>Les personnes ayant été formatées à la vision d'une politique linguistique tournée vers l'anglais ne sont pas éternelles. </strong> Rien n'est écrit dans le marbre et la politique linguistique sur le long terme peut très bien évoluer. Quand on considère ce qui est dépensé pour l'enseignement de l'anglais, on comprend mieux la place que prend l'anglais dans la politique linguistique actuelle : rien n'est dû au hasard. <strong>L'espéranto lui ne bénéficie pas de cette gabegie et de la puissance politico-énomique anglo-saxonne.</strong> Il en serait bien autrement si une volonté politique lui étant favorable faisait son apparition.</p>
<p>Heureusement, l'espéranto progresse. En 2008, le <a href="http://www.coe.int/t/DG4/Portfolio/?L=F&M=/documents_intro/common_frameworkf.html" class="spip_out" rel='nofollow external'>Conseil de l'Europe</a> a introduit l'espéranto comme langue pouvant être évaluée selon le cadre commun de référence pour les langues et des examens très officiels sont organisés dans le monde entier par une <a href="http://www.itk.hu/index.php?id=32&lang=eng" class="spip_out" rel='nofollow external'>instance hongroise</a> spécialement accréditée pour l'espéranto.</p>
<p>Pour ce qui est de la prétendue mort de l'espéranto, dans les faits, <strong>toutes les personnes l'ayant qualifié de morte ne lui ont pour l'instant jamais survécu</strong> ; l'espéranto existe et est bien vivant.</p>
<p>Bonne continuation.</p>Réflexions sur l'espéranto2012-08-29T17:27:43Zhttps://marcimat.magraine.net/Reflexions-sur-l-esperanto#comment4382012-08-29T17:27:43Z<p>Bonjour mathieu,</p>
<p>je suis surpris de te voir t'intéresser à l'espéranto.<br class="autobr">
J'ai découvert l4espéranto avant même de savoir parler un mot d'anglais.<br class="autobr">
J'étais en CM1, il y a des années, dans une école publique à l'ancienne où le maître appelait sa règle Robert et où les châtiments corporels étaient réguliers. C'est dans ce cadre là que j'ai eu ma première année d'Espéranto : découverte d'une langue étrangère, attrait, travail obligatoire sinon punition aussi donc repoussant…<br class="autobr">
En CM2 avec un professeur qui avait choisi d'autres personnes à frapper l'Espéranto a été poursuivi : nous faisions des phrases à l'écrit, à l'oral et des interrogations écrites.<br class="autobr">
Et puis, la 6e est arrivée, l'Espéranto : personne ne connaissait, l'anglais : si.<br class="autobr">
Et finalement c'était pareil : des cours, des interrogations, des exercices, des examens et des bonnes ou moins bonnes notes. Je n'ai pas aimé l'anglais non plus. J'ai fait du latin, du grec, de l'espagnol : aucun intérêt de plus.<br class="autobr">
Et puis en 3e j'ai été au Canada et là j'ai découvert un peuple, avec une langue, une vie et j'ai aimé l'anglais. Depuis c'est devenu pour moi une langue facile, agréable et utile car conviviale : je trouve facilement des gens pour échanger des idées dans cette langue.<br class="autobr">
C'est pour ça que, pour moi, l'espéranto est une langue mort-née.<br class="autobr">
Libre à toi de l'aimer, je préfère les vivants.</p>