Le petit tas de bois

, par Matthieu Marcillaud

Il fut un bel arbre, qui caressant les cieux,
Cajolant les oiseaux, rendait ses frères envieux.
Mais une nuit de décembre, un souffle pernicieux,
Le fit tomber de haut et le brisa en deux.
 
Une fois mis en bûche, il voulu se sécher,
Regroupa ses morceaux, à l’ombre d’un noisetier.
Et c’est là sans embûche qu’il a vu défiler,
Bien à l’abri de l’eau, ses meilleures années.
 
Le petit tas de bois, servit d’habitation,
Depuis qu’il est coupé, à bien des polissons,
Mais ce p’tit tas de bois, rentré dans ma maison,
Pleure d’avoir quitté, ses amis hérissons.
 
Ils venaient le gratter, en fins acuponcteurs,
Chassaient les trublions qui picotaient son coeur.
Mais ceux qu’il regrettait furent surtout les rongeurs,
Qui jouaient des percussions, les incisives en choeur.
 
Dès lors il oublia, des rayons du soleil,
Jusqu’à cette couleuvre, qui s’y lovait, merveille.
Disparurent les lézards, qui n’eussent pas leur pareil,
Pour arborer une heure leurs vifs éclats vermeils.
 
Alors le p’tit tas d’ bois, éloigné de la vie,
Source de toute leçon, dans ces murs dépérit.
Ce petit tas de bois, donnera fin à sa vie,
Bientôt par combustion, dans un profond mépris.

 

Matthieu Marcillaud

31 octobre 2005
A mon bureau, Angoulême,
Après avoir rentré un tas de bois.

P.-S.

Accords
Dm A, Dm A, Dm A, G A