Matin triste sur un banc
Près des remparts vers la prison
Je vois du noir à l’horizon
Et des immeubles plus gris que blancs
J’m’arrache les ch’veux, je serre les dents
J’ai une rage de coeur profond
Qu’est-venu hier, même pas d’glaçon
Pour stopper ce brasier violent
J’ai vu ma ville, défoncer la porte en criant
J’ai vu ma ville, kidnapper deux jeunes enfants
J’ai vu ma ville, les condamner, les expulser
Leur seul mérite ? Leur seul mérite ?
Être de simples sans-papiers. [1]
Oui c’est l’été.
La chasse à courre peut commencer. [2]
Matin triste sur ce banc
Près des remparts vers la prison
J’entends un train qui quitte ce camp
Est-ce un charter ? déportations ?
Mais y a pas qu’ça qui m’peine seulement
J’ai des sifflets dans les tympans
Qui sont v’nus hier à l’unisson
Signal d’alerte d’une déraison
J’ai vu ma ville, verbaliser deux musiciens
J’ai vu ma ville, enlever les bancs mine de rien
J’ai vu ma ville, son arrêté mendicité
Leur seul défaut ? Leur seul défaut ?
Fallait pas qu’ils fassent le chapeau. [3]
Oui c’est l’été.
Pas de manche sur les beaux pavés.
Matin triste sur le banc
Près des remparts vers la prison
Derrière j’vois passer du béton
Pour un centre commercial tout blanc
Ca m’fout en rogne, je pleure ces temps
Où mes yeux rouge au sang bouillant
Hurlent de voir s’élever
Cette richesse sous nos nez
J’ai vu ma ville, solder la terre à un privé
J’ai vu ma ville, y bâtir des apparts huppés,
J’ai vu ma ville, exclure les transports en commum
Pour un immeuble, pour un immeuble,
Aux actionnaires américains. [4]
Tous les étrangers, n’sont pas mal vu dans la cité.
Tous les étrangers, n’sont pas mal vu dans cette cité.
Oui c’est l’été.
J’veux foutre le camp ou tout changer.
Matthieu Marcillaud,
Le 11 août 2006,
Sur les remparts,
Angoulême.