Main tendue

, par Matthieu Marcillaud

A Angoulême, deux minutes d’arrêt,
J’descends du train, me voilà pour rentrer.
J’étais à Paris, des rollers à mes pieds,
Sur les grands boulevards, c’est bien pratique tu sais.

Ici les trottoirs j’ai voulu essayer,
Mais en plus d’être étroits, ils sont tout cabossés,
Ce n’fut pas très probant, je suis même tombé
Les deux mains tendues sur le sol escarpé.

J’ai détaché les roues pour pouvoir avancer
Les huit kilomètres, il faut se les coltiner,
Je demande de l’aide pour ne pas m’fatiguer,
Je fais donc du stop, c’est bien pratique tu sais.

Je tendais la main, le pouce élevé,
J’observais les voitures qui toutes défilaient,
Alors j’ai donc marché, continuant d’espérer,
Mais personne n’m’avait pris deux kilomètres après.

J’continuais la grand’route avec la main levée,
Des centaines de voitures ont bien du me doubler,
Sur deux autres kilomètres, toujours aucun arrêt,
J’ai donc pris un chemin, c’est plus gentil tu sais.

J’ai quitté la vie terne pour l’écoulement de l’eau,
J’ai quitté les moteurs pour le chant des oiseaux,
J’ai quitté leurs odeurs pour la douceurs des mousses,
J’leur fais une main tendue, verront-ils que je tousse ?

Il n’y a pas que l’coeur des hommes qui est fermé,
Si leurs seules sorties c’est par la télé,
C’est sûr que personne ne voudra partager,
La richesse trop souvent qui est accaparée.

Il n’y a pas que l’coeur des hommes qui s’est fermé,
Ya aussi les chemins de plus en plus tu sais,
A l’instar des maisons, il faut tout clôturer,
C’est l’reflet de l’esprit qu’on retrouve dans la vie.

Pour rentrer par les bois sans se fatiguer,
Sans le stress su bitume, tout émerveillé,
Faut remercier les âmes qui n’ont pas enfermé,
Leur p’tit coin de nature, belle main tendue tu sais.

 

marcimat
le 28 avril 2006,
A mon bureau,
Angoulême.
Histoire vécue en rentrant de Paris...